De Robespierre à Louis XVIII
L'année 1793 commence par un coup de tonnerre. En passant Louis XVI à la guillotine, la Convention à jeté en défi à l'Europe, une tête de roi.
Aussitôt, l'Angleterre, l'Espagne, la Hollande, la Sardaigne, la Russie rejoignent l'Autriche et la Prusse dans leur coalition contre la nouvelle République de France.
Il faut trouver des soldats pour renforcer l'ex-armée royale et les volontaires de 1792. Une levée de 300 000 hommes est décrétée et chaque commune doit fournir un contingent. Il faut armer, nourrir et approvisionner ces soldats. Les réquisitions pleuvent, dont celle dite du "salpétre" qui avec le soufre et le charbon de bois constituait les composants de la poudre. Comme deux de ces produits peuvent être facilement trouvés dans notre région, on désigne des gens chargés de les recueillir et de les faire transporter au Ripault où la poudrerie tourne à plein régime.
Dans le canton de Rigny, ce sont les citoyens Jean David d'Ussé et Jean Maurice de St Benoit qui furent désignés. Ils obtenaient le salpêtre en grattant et lessivant les pierres des caves et en collectant les cendres de bois. Quant au charbon de bois, il est fournit par les bûcherons de la forêt de Chinon qui doivent faire les meules exclusivement avec du bois de bourdaine reconnu "plus pétillant".
Ces réquisitions n'allaient pas toujours toutes seules, les paysans cachant le plus possible leurs denrées pour mener une vie autarcique.
En méme temps la persécution religieuse commence. L'ermite de St Benoit, Urbain Robin, si tranquille dans son logis de la "Cave des Ermites" l'apprit à ses dépens. Pour vivre, il quêtait parmi ses voisins dont les aumônes étaient généralement faites en nature. Une perquisition trouva chez lui neuf sacs de blé (sa provision d'hiver). Suspecté d'accaparement, de défaut de déclaration et de "sympathie pour les Vendéens", il fut immédiatement conduit à la prison de Chinon, puis transféré à celle de Tours, où on l'oublia !...
Heureusement pour lui car Vaulivert, le tout puissant tribun qui régnait sur l'arrondissement avait promis de "lui faire mettre la téte à la fenétre" (la guillotine).
Sous le Directoire le pays est épuisé. Les réquisitions ne sont plus payées ou mal et le recrutement des troupes ne se fait pas sans difficultés. Beaucoup de jeunes gens se hâtent de se marier pour échapper au service ou se cachent en Forét. Se voyant traqués (et parfois embarrassés pour subsister) ils finissent souvent par se rendre et sont emmenés comme des malfaiteurs.
Aprés le Coup d'Etat du 18 Brumaire, vient le Consulat, période de tranquilité et de réorganisation. C'est à cette époque que les deux cantons de Azay et Rigny sont réunis en un seul. On répare les routes et notamment celle de Chinon qui en avait bien besoin !
Puis en 1804, c'est l'Empire. Pendant dix ans la vie locale sera suspendue à la question de la Conscription, car les guerres napoléoniennes demandent de plus en plus de soldats. Aussi comme sous le Directoire, les bois étaient pleins de réfractaires poursuivis par la gendarmerie.
Aprés la campagne de Russie, pour combler les vides ("sur cent conscrits, parfois pas un ne revenait" écrivait un contemporain) produits causé par le froid et les Cosaques, Napoléon leva une nouvelle armée composée uniquement de conscrits. Ce fut la fameuse "levée de 1813". Quoi qu'il en soit et malgré les efforts désespérés de l'Empereur suivirent bientôt défaite et invasion. L'Empereur fut envoyé sur l'île d'Elbe et Louis XVIII installé sur le tréône. Chacun ne pensait plus qu'à la paix et au pain quotidien, ce qui ne dura pas longtemps !
A début de 1815, le calme le plus parfait règne sur notre canton. On vend certains bois domaniaux, on encourage la destruction des loups qui pullulent, car ils ont suivi depuis la Pologne les armées alliées et sont à nouveau un fléau.
A titre d'exemple on donnait 18 francs pour la destruction d'une louve, 12 francs pour un mâle et 3 francs pour un louveteau.
Puis le 7 mars, on apprend le débarquement de Napoléon dans le Var !
Et quelques temps aprés, réduit à la guerre, ce dernier décrète la mobilisation générale qui se traduit par le rappel des militaires en congé ou à la retraite, par le retour du drapeau et de la cocarde tricolores, par le serment exigé de fidélité des maires, adjoints et conseillers municipaux, qui le prêtaient de bon coeur comme ils le feront d'aussi bon coeur quelques mois plus tard envers Louis XVIII revenu sur le trône aprés la défaite de Waterloo et l'abdication de Napoléon.
Le drapeau blanc fut de nouveau arboré sur tous nos clochers.