A l'époque des Gaulois, des Romains et des Francs
A l'époque gauloise (il y a juste 20 siècles) la physionomie de notre canton est fixée. Depuis deux ou trois cents ans qu'elle est installée dans ce qui sera le département d'?Indre et Loire, la tribu des Turones s'est convertie à l'agriculture et les champs cultivés s'étendent de part et d'autre de l'Indre.
A l'agriculture se joint l'élevage et la subsistance se trouve assurée. D'autant plus assurée que les parties boisées subsistent et que la forêt pour nos ancêtres était une alliée offrant une abondance de ressources : bois de chauffage et de construction, outils et manches d'outils, fagots, glands pour les porcs, litière et nourriture pour le gros bétail, miel cire des abeilles sauvages, cendres qui tiennent lieu de savon, écorces servant à tanner le cuir, âcres fruits des pommiers et poiriers non encore greffés, boisons d'alises et de prunelles et bien entendu gibier de toutes sortes... A part le Azay celtique, il ne semble pas qu'il y ait eu de grande agglomération sur notre territoire, mais la coutume gauloise étant d'éparpiller les habitations à la lisière des bois ou près des sources il y a fort a parier que la clairière de St Benoit accueillait une bourgade dans sa quiètude, comme semble le prouver cette meule (ci-contre) trouvée dans les fondations d'une vieille maison. Cette tranquilité (toute relative) fut rompue en 55 quand Labienus envoyé par César avec deux légions vint occuper les pays de l'ouest de la Gaule. Les Turones se soumirent rapidement malgré un sursaut pour combattre aux côtés de Vercingétorix à Alésia.
A peine installés dans leurs conquêtes, les romains assurèrent leur domination en faisant construire par leurs nouveaux sujets de grandes routes où pouvaient circuler rapidement leurs légions.
Ces routes allaient en droite ligne de préférence sur les plateaux. Elles étaient constituées d'une chaussée profondèment empierrée, bordée de fossés pour l'écoulement des eaux et de bornes tous les 1000 pas (1,480 km) ainsi que de "mansions" (relais de poste) installés toutes les 4 ou 5 lieus qui servaient aussi d'hôtellerie.
Les voies romaines traversant notre canton ne rentraient pas dans cette catégorie. Elles n'étaient que de simples routes vicinales construites avec moins de soin mais fort valables cependant. On en comptait 2 principales.
La première, dite au moyen âge "Via Epsicopalis" partait de Chinon, traversait St Benoit à Grammont, Beugny et Turpenay et par un tronçon indiqué sur le cadastre "ancien chemin de Chinon" arrivait à Cheillé. Elle traversait ensuite l'Indre à Port-Huault pour rejoindre Coesarodunum (Tours) en passant par Valléres.
La deuxième, la "via Vetuta" partait aussi de Chinon et traversant les Landes du Ruchard elle passait à proximité de Saché avant de rejoindre la grande voie de Tours à Poitiers qui reliait le nord des Gaules au midi aquitain.
Il faut croire que les gallo-romains affectionnait notre région puisque la densité de leur population s'est vérifiée par bon nombre de découvertes de vestiges, notamment à St Benoit, près de Grammont où on a retrouvé un cimetière gallo-romain du IVe siècle, utilisé pendant plus de cinq cents ans.
Après une période de paix et prospérité aux Ier et IIe siècles, le régime se féodalise au IVe siècle avant que la Gaulle ne tombe au pouvoir des Goths, Francs, Alains et autres Vandales.
Dépourvus d'armes, à l'arrivée des ces hordes barbares les populations de villageois n'avaient d'autre recours que la fuite. Ils avaient donc imaginé des cachettes "souterrains refuges" qu'ils creusaient dans les bois, étroites chambres sombres et humides où ils s'entassaient avec leur famille pendant qu'à la surface les envahisseurs passaient et repassaient...
A Villaines, Rivarennes, Rigny-Ussé, Lignières ou Cheillé on trouve encore quelques unes de ces cachettes construites avec des couloirs brisés en équerre, dotés de rainures pour y insérer des barrages, de trous de visée pour envoyer flêches ou javelots et de sorties camouflées avec habilité. A St Benoit subsistent des restes d'un souterrain en grande partie inondé au lieu-dit "Le Liza" au nord de Turpenay.
Au VIIIe siècle (732) nouvelle invasion menace la région avec les Arabes qui viennent piller l'Aquitaine et le Poitou. Ils seront battus alors qu'ils se dirigeaient sur Tours.
Au siècle suivant, le grand empereur Charlemagne n'a laissé que peu de trace dans notre pays, mais c'est son fils, Louis le Débonnaire, qui fit construire les premières digues en bordure de Loire. Et c'est en remontant la Loire, sur des barques de guerre, que de nouveaux envahisseurs venus de Scandinavie mirent à feu et à sang les villages riverains.
Les premiers châteaux forts furent construits à cette époque pour résister aux assauts de ces Normands. Servant de refuge aux seigneurs, à leurs paysans et à leurs bestiaux, ils allaient permettre de stopper les incursions normandes, mais allaient aussi marquer le début des guerres seigneuriales.